Depraz : attention et vigilance

Nathalie Depraz a publié il y a quelques années l’ouvrage « Attention et vigilance ».

Notre société connaît une mutation vertigineuse des modes de communication : chacun peut contacter chacun à tout instant et attend en retour une réponse immédiate. Un immense réseau nous mobilise, qui crée une dépendance grandissante en matière de « connexion », encourageant une posture de zapping qui génère une attention multifocale, mais aussi une tension nerveuse, elle-même source de déficit attentionnel. Destruction de l’écologie de l’attention (Stiegler) ou plasticité créatrice (Lévy) ?
Porter son attention sur l’attention, voilà l’urgence de notre humanisation contemporaine. Les sciences l’ont compris, qui depuis plus d’un siècle multiplient les travaux en psychologie et en neurosciences sur cette fonction globale, qui forme un réseau intégré transversal où jouent perception, mémoire, veille, émotion et décision. Quel rôle peut y jouer la phénoménologie ? Comparée aux autres approches philosophiques, elle possède ce privilège de tenir en un regard ouvert sur le monde : par son retour à l’expérience, elle fait alliance avec la visée expérimentale des sciences et, par sa méthode de suspension, elle entre en contact avec une quête contemplative qui est prise de recul. Elle joue ainsi un rôle charnière pour repenser l’attention en en faisant une expérience d’ouverture au monde davantage qu’un état mental interne. La phénoménologie apporte quelque chose d’inédit : une éthique de l’attention, qui réforme celle-ci en « vigilance ».

Cet ouvrage est disponible sur Cairn

Une recension très claire est proposée ici

Enfin, ci-dessous figure l’enregistrement d’une conférence de Nathalie Depraz dans laquelle elle présente son livre.

 

Natalie Depraz – Le sujet de la surprise: un sujet cardial

Je sursaute lorsque la porte claque. Je tressaille en voyant un rat mort sur l’escalier de notre maison de campagne. J’ouvre grands les yeux à la vue d’un arc-en-ciel derrière la vitre du train. J’écoute, le regard fixe, un ami cher au café me raconter qu’il va mourir d’un cancer du foie. S’est-il passé une journée sans que vous ne connaissiez au moins une fois cet état de trouble? Où vous vous êtes senti soudain perplexe, ébloui, éberlué, émerveillé, sidéré ou stupéfait? Où vous vous êtes exclamé, où vous avez explosé de joie, où vous avez hurlé de colère?

La question à laquelle ce livre cherche une réponse est de savoir ce que la surprise fait à la philosophie. Faut-il pour construire la question de la surprise séjourner dans ces concepts qui en ouvrent la possibilité : perception, attention, émotion, sentiment. On pourrait alors s’engager dans une exploration de la surprise sur le fond de leur expérience, et ce ne serait qu’après avoir reconstitué la théorie de ces activités qu’on pourrait la voir émerger. Mais la surprise se donne-t-elle de façon seulement indirecte? N’est-elle pas là dans les concepts d’événement, d’étonnement, d’admiration ou d’altérité que la philosophie a légués avec Heidegger, Platon, Aristote, Descartes ou Levinas? Par eux, elle accèderait à la dignité d’un topos philosophique, cette ouverture qui contrarie sa structure d’attente, aussi indéterminée soit-elle? Ou doit-on penser son différentiel, tout contre l’événement, l’étonnement, l’admiration et l’altérité, selon une logique de différence?

Lien : ici

L’Encyclopaedia Autopoietica

Whitaker présente ainsi son travail :

L’Encyclopaedia Autopoietica a été compilée pour fournir un recueil annoté de la terminologie développée et employée par Humberto R. Maturana et Francisco J. Varela pour élaborer leurs théories sur la biologie de la cognition, la phénoménologie du vivant et la science cognitive enactive. Au sens strict, l’Encyclopédie est donc plus un dictionnaire qu’une encyclopédie en soi.

Il est accessible ici

La vie de l’ego

Jean-Daniel THUMSER vient de faire paraître « La vie de l’ego. Au carrefour entre phénoménologie et sciences cognitives ».

Cet ouvrage relate les péripéties de l’ego, son histoire et sa vie. Sous quelle plume ce concept est-il né et sous quelle forme ? En quoi le concept d’ego est-il à la fois le geste fondamental de la philosophie moderne et l’outil pour repenser les sciences cognitives contemporaines? En proposant une lecture à la croisée entre la philosophie transcendantale et les sciences cognitives, l’auteur démontre que la phénoménologie husserlienne est en mesure de dialoguer avec les sciences positives dans l’optique d’une caractérisation de la vie consciente. L’auteur, en confrontant les thématiques phénoménologiques avec les recherches actuelles en sciences cognitives, nous permet de saisir les difficultés qu’il y a à définir une science globale cogénérative de la subjectivité, mais aussi les promesses qu’une telle science nous laisse entrevoir. Accessible, cet ouvrage amène le lecteur au cœur des problématiques contemporaines en philosophie et en sciences.

Accès : ici

L’anthropologie comme éducation

L ’éducation, c’est bien plus que l’enseignement et l’apprentissage ; l’anthropologie, bien plus qu’étudier la vie des autres personnes.

Tim Ingold prend son inspiration dans l’œuvre de John Dewey. L’éducation, affirme-t-il, n’est pas la transmission, d’une génération à une autre, d’une connaissance autorisée. C’est une manière d’être présent et attentif aux choses, d’ouvrir des chemins d’essor et de découverte.

Cet ouvrage permet de penser l’éducation et la formation dans une approche très compatible avec une entrée activité.

Une conférence donnée par Tim Ingold offre un point d’entrée stimulant sur ces questions